Lettre ouverte - M. Destremau, président des Copains du Trieux
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LE TRIEUX ENVASÉ
Un vieil ami, aujourd'hui disparu, me racontait jadis que lorsqu'il était enfant, il allait se baigner au Lédano qui était alors une « grande plage de sable fin...»
Le port de Pontrieux s'apprête une fois encore à « dévaser », c'est-à-dire, en clair, à déverser les vases qui l'encombrent dans le Trieux. Le Préfet l'autorise (décrets préfectoraux des 19/04/11 et 3/06/14) et l assure (courrier du 15 /07/15) qu'il n'y aura aucun impact « significatif » pour l'environnement.
Le déversement autorisé des boues du port est de 8000m3 par opération, et l'autorisation actuelle va jusqu'en 2021, c'est à dire que le Trieux va recevoir 24000m3 de boues d'ici l'échéance, en attendant la suivante.
Contrairement à ce que pense l'Administration, ces opérations ne sont pas sans conséquences :
1. L'impact sur l'environnement évoqué dans le courrier du 15/07/15 est mesuré par l'opérateur (Marinov) lui-même! Il doit être possible de faire mieux…..
2. les boues sont néfastes à la navigabilité : on ne passe plus partout dans le Trieux, et depuis que le « Côtes d'Armor » ne navigue plus, les fonds remontent (il traçait sa route dans la souille!)
3. Il suffit de regarder une carte du Trieux pour comprendre que le devers des méandres est aujourd'hui un énorme entassement de boues qui ne fait qu'augmenter avec le temps.
4. le port de Lézardrieux reçoit cet héritage dont il ne sait que faire. Il n'a pas les moyens de stocker ces boues (qui ne sont pas les siennes!) ; il n'a pas le droit de les répandre au large (opérations dites de « clappage », autorisées chez les seuls ports marchands) ; il subit lui aussi une remontée des fonds, au niveau du Prostern, et de sa panne sud qui n'est plus accessible par grandes marées.
Si le problème de la vase touche par définition tous les estuaires ( la question se pose aujourd'hui de façon cruciale pour la Rance) la solution retenue par la Préfecture ne règle rien. Elle n' a aucune pertinence écologique ni économique : ou bien il faut autoriser le clappage (solution à minima, moins coûteuse à court terme..) ou bien prendre une décision forte et surtout durable qui consiste à pomper les vases, les stocker, et les valoriser.
Les anciens les utilisaient comme épandages. Au moment où l'on parle de la fin programmée des engrais chimiques, il y a peut-être là une idée à creuser...
On comprend bien que les investissements nécessaires à une solution durable dépassent les moyens d'un port comme celui de Pontrieux. Les coûts pourraient être pris en charge par le Région, le département, et peut-être même bénéficier de subventions européennes.
Un jour, le Lédano, peut-être…
JN Destremau
Président des Copains du Trieux